Le camp brule

Yijael était maintenant seul dans le camp déserté d’Orneval. La tribu avait quitté les lieux tout au cours de la nuit par tout petit groupe. Ils avaient utilisé différent moyen tout aussi discret les uns que les autres afin de ne pas être suivis.
Armé de deux torches, il embrasait une à une les huttes reconstruites quelques semaines plus tôt. Il s’arrêta devant un petit bûché funéraire sur lequel reposait la tête de Gwihir le jeune Rhiwin tué la veille. Il sortit un poignard de l’une de ses bottes et coupa une des petites nattes qui ornait la chevelure du défunt puis il la sera dans son poing après s’être entaillé la paume de la main jusqu'à ce que son sang imprègne complètement la natte. Yijael adressa une prière silencieuse aux esprits avant de jeter sa torche sur le bûché. Regardant le feu prendre, il fixa la mèche au pommeau de sa dague et la remis dans sa botte. Il regarda un instant les flammes dévorer les huttes du camp des Daendils. Il secoua la tête pour chasser les souvenirs douloureux que le spectacle lui rappelait. Il tourna les talons et disparu dans l’ombre.

- Une chance qu'il n'y ai pas eu de vent, la foret en aurait pâtit. Dit Kaelveri

Kathryl faisait face a ce qui semblait avoir été un bucher funéraire plus qu'une hutte qui avait brulé.

- Kathryl ?

Anadriel s'approcha de son compagnon qui sortit d'on ne sait ou une grosse bourse de cuir solidement fermé, l'ouvrit et déversa le contenu sur les restes du bucher.

- Que les aspects veillent sur toi, tombé pour la folie d'une femme.

- Qu'Elune veille sur eux. Dit Kyrawn qui venait d'arriver.

Kathryl et Anadriel se retournaient et lancèrent un regard froid a la chasseresse qui se sentit soudainement mal a l'aise.
Kathryl leva les yeux au ciel, soupira et commença a distribuer les taches.

- Faites surveiller cet endroit, son nettoyage et sa réhabilitation sera a l'étude par Khâline je pense, suivez les pistes qui subsistent dans Orneval, entrez dans chaque territoire et reprenez les liens avec les animaux que j'ai pu égarer pour les suivre, je vais aller poser quelques question a quelqu'un a Hurlevent puis écumerait azeroth endroit par endroit, ils ne sont pas complètement autonome, ils achèteront tôt ou tard des vivres ou des objets de première nécessitée, c'est a suivre aussi.

Les chasseurs se dispersèrent, chacun ayant fort a faire.

Le sentiment de solitude et d'abandon qui habitait Galadrinn depuis plusieurs jours, semaines même, la poussait à boire un peu trop et à s'engager sans trop réfléchir dans des combats qui ne la concernait pas vraiment.

Cette nuit, en arrivant au camp vide et calciné d'Orneval son cœur s'est arrête de battre quelques instants ....

Reprenant un peu de sang froid, elle a examiné les débris et son cerveau, bien qu'un peu ralenti par une forte présence d'alcool en est arrivé à la conclusion que le clan avait déménagé.

Le sentiment d'abandon qu'elle ressentait déjà c'est fortement accentué à ce moment ... le clan et surtout Feuillenuit, était parti sans elle ....

La guerrière au visage abattu et au cœur lourd a pris la route pour le lieu qu'elle pense être le bon en prenant bien garde de ne pas être suivis.

La jeune guerrière a retrouvé le clan et appris par la même occasion que Feuillenuit est parti, personne ne semblant savoir où il est.

Seule devant sa bouteille, Galadrinn parle au vent :

- d'jà y v'nais plus m'voir hips !
- sur qu'il en a trouvé une autre hips !
- m'en fou ! tous les même d't'oute façon !

Galadrinn arrache la petite statuette de chouette qui pendait à son cou et la lance dans le feu.
Elle la regarde brûler tout en continuant de vider sa bouteille, sans se soucier de la coupure que lui a infligé le lien de cuir avant de céder.

Tant de sentiments se mêlent dans l'esprit de la jeune guerrière qu'elle en a la nausée : amour, haine, frustration, solitude et désespoir ... à moins que cela ne soit du au manque d'alcool !

Depuis que Heryn le lui a ordonné, Galadrinn reste prostrée à l'entrée de la hutte de Fallae, n'ayant pas encore de hutte pour elle.
Elle n'en sort que pour aller faire un brin de toilette, et pour laisser au randir un peu d'intimité les rares fois où il vient dans sa hutte.

Assise sur le sol, Galadrinn tremble, frissonne, transpire et souffre comme si on lui arrachait des petits morceaux de peaux.

Elle se revoit mettant son poing dans la figure du randir qui refusait de lui rendre ses bouteilles ... elle s'en veut ! elle n'ose même pas lui adresser la parole les rares fois ou elle le voit ....

Fallae arrive, Galadrinn se lève péniblement et sort pour le laisser prendre ce dont il a besoin dans sa hutte. Elle le regarde faire sans rien dire. Quand il ressort, elle s'écarte de son chemin, le laissant passer. Sa main se tend vers lui alors qu'il lui tourne le dos, ses doigts sont à quelques millimètres de lui.

Un murmure, à peine audible vient briser le silence :

- pardon !

Un loup leva la tête vers l'entrée de sa grotte, le jour déclinant l'aveuglant mais sa truffe reconnaissant parfaitement l'odeur. L'animal émit un râle en voyant le druide entrer dans sa tanière, il portait la même tenue de cuir depuis qu'il a quitté sournoisement le camp, déchirée et écorchée ça et là, toute ses affaires et ses biens ayant brûlé dans l'incendie. Feuillenuit fit juste un signe de la main, il avait appris à dompter la bête pendant ces dernières semaines.

-Ca va , c'est juste moi.

Le loup reposa sa tête sur ses pattes en émettant un grondement. Il tourna sa tête vers l'Alpha d'un regard réprobateur.

-Ca veut dire quoi ça ? Je t'ennuie c'est ça ?

Le loup s'appliqua à tourner les yeux vers le fond de la grotte, comme s'il boudait. Contre toute réponse, il continua.

-Oui bah ce soir je ne dors pas en ville...ça s'est pas bien passé.

L'animal poussa un soupir puis ferma paresseusement les yeux. Le druide s'installa contre ce dernier, posa sa tête contre son flanc et observa la tanière sombre et humide. Pour la première fois depuis sa fuite, avoir un "chez soi" lui manquait plus que tout.

En boule sur le sol de la hutte de Fallae, Galadrinn souffre ... elle transpire, son corps se crispe de douleur et de manque ....

Par moment, elle tend la main, semblant apercevoir une bouteille qui sans nul doute lui ôterait ses douleurs, mais ce n'est qu'une illusion.

Galadrinn mord son poing déjà meurtrie pour ne pas hurler de douleur, de désespoir ...

Elle redresse légèrement la tête, pensant avoir entendu un bruit de pas mais une crispation de douleur la remet dans sa position initiale.

RHAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!!!!!!!!!

Ce hurlement de douleur, de chagrin, de frustration perce la nuit !

Alors que Galadrinn regarde Hiril s'éloigner des larmes montent à ses yeux.

Les mots trottent dans sa tête comme des coups de marteau sur une enclume :
- départ prévu
- Liloë intime
- tromper
- idiote
- la mort
........ et bien d'autres encore.

La guerrière cherche du regard un réconfort, mais les yeux qui se posent sur elle sont soient plein de colère d'avoir été ainsi réveillé en pleine nuit, soient plein de pitié.
Elle cherche Yijael ou Fallae.

Galadrinn entre rageusement dans la hutte, enfile son armure devenu un peu grande tant elle a maigri ces derniers jours et attrape ses armes.

Elle descend tant bien que mal des arbres protecteurs et arrivée au sol entame un combat rageur contre ses fantômes .....

Au bout de plusieurs heures, elle s'écroule à bout de souffle, à bout de force suppliant la Terre Mère de bien vouloir la prendre.

Galadrinn nettoie ses armes au milieu du camp, évitant toujours les regards, les questions.

Elle ne sait pas trop combien de temps c'est passé depuis qu'elle ne boit plus. Elle sait juste que sa colère ne retombe pas et qu'elle se sent encore plus seule que jamais.

Ces journées sont organisées minutes après minutes ... cela ne lui ressemble pas ! et pourtant c'est ainsi.

Quand elle n'est pas de garde, il lui arrive de s'éloigner du camp, cherchant les bras d'un inconnu pour passer la nuit, un mâle qu'elle ne reverra probablement jamais ! c'est sa nouvelle règle ! assouvir ses désirs primaires, charnels sans aucun sentiments d'attachement !

La rumeur selon laquelle Feuillenuit est probablement marié la hante jour et nuit. Elle ne comprend toujours pas pourquoi il ne lui a rien dit !
S'il lui avait dit, elle aurait pu comprendre et peut être même accepter ... mais là ... impossible !

Galadrinn se surprend parfois à observer Fallae, de loin, espérant qu'un jour il lui pardonnera de l'avoir frappé !

Tant de sentiments différents l'assaillent : colère, douleur, haine, tristesse et encore un peu parfois, amour .......

La guerrière se lève calmement, posant ses armes, enlève ses vêtements et se glisse dans le lac, disparaissant sous la surface pour mieux dissimuler ses larmes.